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| Sujet: Rabastan Lestrange, ou l'histoire d'un oublié Jeu 17 Juil - 14:27 | |
| -Et si on courrait ? -Mais, pourquoi courir Rabastan ? -Parce que le monde avance, et qu'il ne faut jamais se faire distancer.
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Le tonnerre qui rugit. Comme toujours, il se réveille en sursaut. Le souffle court, la tempête extérieure l’effraie presque autant que celle qui le ravage intérieurement. Il fait frais. Ou froid. Difficile de juger. Assit dans son lit, Rabastan tente de calmer sa respiration. Par Merlin ! Qu’a-t-il bien pu faire pour vivre ainsi ? Il tremble. Sans regarder ses mains, il le sait. Il le sent. De toute façon, il a toujours tremblé, les soirs d’orage. Par peur ? Peut-être. Ici, tout l’angoisse. Tout. Du sol au plafond. Rien ne lui correspond. Tout lui fait peur. Il sait que quelque chose, ou quelqu’un, n’est pas à sa place. Lui, peut-être.
Rassemblant les couvertures autour de ses épaules, il se lève. Il ne pourra pas se rendormir, de toute façon… Et puis, tant qu’à rester éveillé, autant l’être complètement. C’est donc d’un pas décidé qu’il se rapproche de la fenêtre ouverte de sa chambre. Il n’ose pas la fermer. Toujours cette peur irrationnelle de l’orage, du tonnerre, des éclairs. Comme si cela lui rappelait un évènement. En réalité, il ne se souvient pas. Il ne se souvient plus. Seuls les tremblements de son corps peuvent trahir son appréhension, son visage ne laissant rien paraître de ce sentiment indécent qui s’empare de lui. La peur. Aucun Lestrange ne se serait permis cette bassesse. Aucun, sauf lui. Lui, la honte de la famille. Lui, le cadet sans intérêt. Lui, le trouillard. Lui, Rabastan.
Un éclair au loin transperce le sol. Il frissonne. Cette lumière aveuglante qui éclaire la nuit avant que tout ne redevienne sombre. Oui… C’est cela. Le silence qui suit le tonnerre. La nuit qui s’empare du ciel quand la foudre s’en va. C’est bien cela qui le tétanise. Cette sensation d’abandon, cette impression de n’être rien. Ce néant qui l’entoure. L’orage. Toutes ses craintes sont nées de l’orage. Toutes, sans exception. La peur. C’est la seule chose qui reste. La peur. Tout s’oublie. Tout…
Il dévisse le bouchon de la bouteille de Whisky qui traînait sur sa table de nuit et s’en verse un fond de verre. Il referme minutieusement l’écrin de cristal qui renferme le précieux liquide et, d’une main assurée par l’habitude, s’empare du verre gravé dont la parfaite transparence lui permet d’apprécier à tout loisir la douceur ambrée de l’alcool. Il aime ça. Faire doucement tanguer le verre pour que le liquide, en vagues disciplinées, vienne s’écraser contre les rochers que forment les deux glaçons au milieu de cet océan. Il en rythme les tempêtes d’un simple mouvement du poignet, seul maître de l’agitation contenue dans ce petit espace si réduit, dans ce petit paradis. Jouer avec la boisson avant de la goûter fait partie des rares petits bonheurs qu’il connaisse.
Portant l’ambre à ses lèvres, il s’imprègne tout d’abord de son parfum entêtant, avant de goûter une très légère gorgée du liquide interdit. Alors que le feu de l’alcool lui enflamme la gorge et neutralise tous ses sens, le calme se fait autour de lui. Tout s’oublie. Tout…
Le silence règne pour lui. Juste pour lui. Et cette délicieuse sensation de plénitude qui l’enveloppe le soulage. Il se sent bercé, comme un enfant. Il en a besoin. C’est cet engourdissement soudain que le breuvage lui procure qui le rend heureux. Ses quelques souvenirs de bonheur sont partis de cette bouteille. Et cette bouteille… Cette bouteille, elle lui venait de son seul et unique ami ; Regulus… |
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